La Pelegosto, une de perles des caraïbes, perdue, envoutante, mais étrangement presque personne ne s’aventurait sur cette ile au charme qui relevait de la légende. Coupée en deux, cette ile abritait dans son sein majestueux une tribu qui se délectait de la chair des hommes qui se prenaient dans leurs pièges… et de l’autre… le repaire de la Sorcière. Tellement de rumeurs etaient nées a propos de cette partie de l’ile que certaines d’entre elles avaient fait le tour du monde, apportant aux hommes autant de reves que de craintes… justifiés. Autant les uns que les autres…

Dans la chaleur de son ile, au sein de sa mangrove, Tia Dalma promenait son regard sur les nuages qui perçaient de leur blancheur cotonneuse le ciel vert des feuillages luxuriants qui s’élevaient si haut que parfois, quand une tempête approchait, le sol n’était pas éclairé par la douce lumière du soleil. Ses narines s’emplirent de l’air iodé, apporté par le vent marin, même aussi loin dans les terres, protégées de l’océan par cette forêt épaisse et étouffante. La déesse remuait lentement ses orteils dans l’eau semi saumâtre de la mangrove, laissant au bas de sa robe défraichie depuis des années tout le loisir de trainer dans l’élément liquide qui un jour fut son royaume, l’espace ou, incontestée, elle régnait. Reine parmi les dieux, Supérieure a tous ceux qui, contrairement a elle n’étaient pas capable de réaliser le tiers de son œuvre.

Les animaux de la mangrove s’agitaient, le vent tourna, apportant l’odeur de la chair brulée.*

Encore un roi qui perd la tête…

*Sa voix ne s’était pas élevée plus fort qu’un murmure dans le puissant vent d’ouest qui venait de l’entourer, caressant la peau de ses bras de son souffle bipolaire, tellement chaud et frais au meme instant. Elle ferma ses yeux et s’abandonna à la force impalpable, elle aurait aimé pouvoir quitter sa prison de chair et emplir de son esprit et volonté chaque particule qu’elle rencontrerait.
Pourtant quelque chose d’autre changea. Infime a la face du monde, mais qui pourtant arrachait un cœur a son foyer, et qui bientôt se présenterait devant elle.

La métisse soupira et prit appui sur ses mains, se reculant légèrement pour qu’elle puisse sortir ses pieds de l’eau. Un petit crabe rouge passait a proximité de sa hanche. Se demandant comment ce petit bonhomme avait fait pour se retrouver la, elle le prit dans ses mains et caressa d’un geste machinal sa carapace cabossée d’un corail vif. Elle se redressa, le crustacé toujours dans sa paume. Tia rentra chez elle, dans cette cabane perdue, atour de laquelle s’était organisé un village d’anciens esclaves africains. Ils avaient retrouvé ici la liberté… mais a quel prix ?
Il n’y avait jamais de rire qui s’élevait dans l’atmosphère ici. Tout n’était que pesanteur. Voila ce qu’on trouvait dans l’antre de la Sorcière… Qu’attendre d’autre de l’endroit ou les malédictions se rependent, ou les hommes guidés par le désespoir viennent la trouver, la couvrant de cadeaux pour qu’elle leur accorde un objet qui leur permettra d’achever leurs quêtes. Beaucoup de Pirates connaissaient cet endroit, elle se languissait de certains d’entre eux, comme le plaisant Jack Sparrow ou le monstrueux Davy Jones. Tous deux étaient repartis avec quelque chose lui ayant un jour appartenu. Le premier avec un compas, l’autre avec son amour… mais il s’en était détourné, ne remplissant pas son devoir, charge lourde que de veiller sur les âmes de ceux qui meurent dans les flots tourmentés de l’Océan en attendant de la revoir, elle, l’incarnation de la mer, cruelle, belle, envoutante, effrayante... Même les dieux font des erreurs, et celle la, dans le cœur de Calypso avait toujours un gout sucré malgré l’amertume qu’elle ressentait en pensant a lui.

Elle s’installa a table, posant le crabe dans un pot en terre, le retenant prisonnier. Tia observa un moment le captif tenter de gravir à la force de ses petites pattes les parois de terre brune trop lisses. La déesse savait qu’il ne lui restait plus qu’a attendre. La déesse, dans le détachement qui lui était propre, attendait celle qui avant l’aube le lendemain, avant que le jour ne fasse place a la nuit. Elle la sentait approcher, comme si sa présence se rependait dans ses veines. Elle était dépourvue de foi en la Divinité qu’elle était, l’appât de ce qu’elle pourrait prendre a la caribéenne se faisait de plus en plus fort a mesure qu’elle touchait au but. Un être telle que Calypso savait quand on voulait s’approprier une partie de son pouvoir. Seulement, Fourbe comme elle était, véritable serpent de mer, le prix a payer ne serait pas banal cette fois. Ce n’était pas un vulgaire compas qu’elle offrirait.
sa main se referma encore une fois sur le corps du crabe. Elle arracha la vie a l’animal en même temps que ses pattes et pinces. De minces filets de sang s’échappaient des plaies vives du crustacé qui agonisait lentement alors que la déesse ramassait les débits de la bêtes entre ses mains , les secoua et d’un geste sec les lança sur la table.*

Voila qui est intéressant…

*Un sourire mauvais naquit sur les lèvres noires de Calypso. Son regard d’encre étincelait d’une lueur ou l’in lisait la cruauté dans chaque reflets rougeâtres que les bougies projetait sur ses pupilles de jais. Elle avait hâte que le dragon n’entame sa dernière danse, et laisse sa liberté derrière lui. *